Au début : le recommencement
« Lorsque l’enfant était enfant il à lancé un bâton
contre un arbre, comme une lance .Et elle y vibre toujours. » Peter Handke
Au début : l’épuisement du regard, la perte du voir et
au même instant, devant moi, la possibilité du
visible, là, dans les lointains. La
sensation que ça vient à ma rencontre.
Au-delà du seuil, on m’attend, on me pousse dans le dos. Qui
me pousse dans le dos ? Les déplacés, les réfugies, les convois en fuite, les voyageurs itinérants, les pèlerins, les colporteurs.
Tous marcheurs de long .Tous déjà en chemin.
Alors commence une longue marche .Un pied devant l’autre,
dans la chair du monde. Tout dedans.
Ne pas rester en place. Ne pas se figer sur place. Ne pas
s’arrêter.
Un pas devant l’autre .Si je m’arrête ; je suis mort.
Sans cesse, recommencer. Un pas, puis l’autre.
Plus tard :
Rejoindre l’horizon. Mais avant : Buter sur les limites, constater les
pertes, les disparitions. Mais aussi profiter du voyage en chemin. Traverser
des champs, passer des frontières, longer des routes, prendre des chemins,
suivre des sentiers et les abandonnés plus loin. Sempiternelle errance avec en bandoulière, cet objet dérisoire, servilement
mécanique qui ne me sert presque à rien .Mais ce rien qui n’est rien, c’est ce
qui reste et çà transpire encore de la
lumière.
Philippe Pianetti